Au coin du feu
Que la pluie à déluge au long des toits ruisselle! Que l'orme du chemin penche, craque et chancelle Au gré du tourbillon dont il reçoit le choc! Que du haut des glaciers l'avalanche s'écroule! Que le torrent aboie au fond du gouffre, et roule Avec ses flots fangeux de lourds quartiers de roc! Qu'il gèle! et qu'à grand bruit, sans relâche, la grêle De grains rebondissants fouette la vitre frêle! Que la bise d'hiver se fatigue à gémir! Qu'importe? n'ai-je pas un feu clair dans mon âtre, Sur mes genoux un chat qui se joue et folâtre Un livre pour veiller, un fauteuil pour dormir ?
Il fait froidL'hiver blanchit le dur chemin Tes jours aux méchants sont en proie. La bise mord ta douce main ; La haine souffle sur ta joie.
La neige emplit le noir sillon. La lumière est diminuée... Ferme ta porte à l'aquilon ! Ferme ta vitre à la nuée !
Et puis laisse ton coeur ouvert ! Le coeur, c'est la sainte fenêtre. Le soleil de brume est couvert ; Mais Dieu va rayonner peut-être !
Doute du bonheur, fruit mortel ; Doute de l'homme plein d'envie ; Doute du prêtre et de l'autel ; Mais crois à l'amour, ô ma vie !
Crois à l'amour, toujours entier, Toujours brillant sous tous les voiles ! A l'amour, tison du foyer ! A l'amour, rayon des étoiles !
Aime, et ne désespère pas. Dans ton âme, où parfois je passe, Où mes vers chuchotent tout bas, Laisse chaque chose à sa place.
La fidélité sans ennui, La paix des vertus élevées, Et l'indulgence pour autrui, Eponge des fautes lavées.
Dans ta pensée où tout est beau, Que rien ne tombe ou ne recule. Fais de ton amour ton flambeau. On s'éclaire de ce qui brûle.
A ces démons d'inimitié Oppose ta douceur sereine, Et reverse leur en pitié Tout ce qu'ils t'ont vomi de haine.
La haine, c'est l'hiver du coeur. Plains-les ! mais garde ton courage. Garde ton sourire vainqueur ; Bel arc-en-ciel, sors de l'orage !
Garde ton amour éternel. L'hiver, l'astre éteint-il sa flamme ? Dieu ne retire rien du ciel ; Ne retire rien de ton âme !
Le coin du feu
Suis-je seul ? je me plais encore au coin du feu. De nourrir mon brasier mes mains se font un jeu ; J'agace mes tisons ; mon adroit artifice Reconstruit de mon feu le savant édifice. J'éloigne, je rapproche, et du hêtre brûlant Je corrige le feu trop rapide ou trop lent. Chaque fois que j'ai pris mes pincettes fidèles, Partent en pétillant des milliers d'étincelles : J'aime à voir s'envoler leurs légers bataillons. Que m'importent du Nord les fougueux tourbillons ? La neige, les frimas qu'un froid piquant resserre, En vain sifflent dans l'air, en vain battent la terre, Quel plaisir, entouré d'un double paravent, D'écouter la tempête et d'insulter au vent ! Qu'il est doux, à l'abri du toit qui me protège, De voir à gros flocons s'amonceler la neige ! Leur vue à mon foyer prête un nouvel appas : L'homme se plaît à voir les maux qu'il ne sent pas. Mon coeur devient-il triste et ma tête pesante ? Eh bien, pour ranimer ma gaîté languissante, La fève de Moka, la feuille de Canton, Vont verser leur nectar dans l'émail du Japon. Dans l'airain échauffé déjà l'onde frissonne : Bientôt le thé doré jaunit l'eau qui bouillonne, Ou des grains du Levant je goûte le parfum. Point d'ennuyeux causeur, de témoin importun : Lui seul, de ma maison exacte sentinelle, Mon chien, ami constant et compagnon fidèle, Prend à mes pieds sa part de la douce chaleur.
Et toi, charme divin de l'esprit et du coeur, Imagination ! de tes douces chimères Fais passer devant moi les figures légères ! A tes songes brillants que j'aime à me livrer ! Dans ce brasier ardent qui va le dévorer, Par toi, ce chêne en feu nourrit ma rêverie Quelles mains l'ont planté ? quel sol fut sa patrie ? Sur les monts escarpés bravait-il l'Aquilon ? Bordait-il le ruisseau ? parait-il le vallon ? Peut-être il embellit la colline que j'aime, Peut-être sous son, ombre ai-je rêvé moi-même. Tout à coup je l'anime : à son front verdoyant, Je rends de ses rameaux le panache ondoyant, Ses guirlandes de fleurs, ses touffes de feuillage, Et les tendres secrets que voila son ombrage. Tantôt environné d'auteurs que je chéris, Je prends, quitte et reprends mes livres favoris ; A leur feu tout à coup ma verve se rallume ; Soudain sur le papier je laisse errer ma plume, Et goûte, retiré dans mon heureux réduit, L'étude, le repos, le silence, et la nuit. Tantôt, prenant en main l'écran géographique, D'Amérique en Asie, et d'Europe en Afrique, Avec Cook et Forster, dans cet espace étroit, Je cours plus d'une mer, franchis plus d'un détroit, Chemine sur la terre et navigue sur l'onde, Et fais dans mon fauteuil le voyage du monde. Agréable pensée, objets délicieux, Charmez toujours mon coeur, mon esprit et mes yeux ! Par vous tout s'embellit, et l'heureuse sagesse Trompe l'ennui, l'exil, l'hiver et la vieillesse.
Auteur:Jacques DELILLE
Alors si tu peux le faire restes chez toi a regarder le froid s'intaller bois un bon chocolat chaud emmitouffler aupres du feu et revasses a l'été qui reviendra pis dis toi que ce froid annonce l'arrivé des fétes de fin d'année
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